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Apprivoiser le silence au milieu du chaos

Depuis le début du mois de mars le monde a été plongé dans le silence, c’est comme si nous avions tous été contraints de s’embarquer dans une immense retraite collective avec tout de même à la différence la menace du virus qui pèse au-dessus de notre tête telle une épée de Damoclès.

Du jour au lendemain, tout s’est arrêté de tourner, plus de restaurants, plus de magasins, plus d’écoles, plus de cinémas, plus de déplacements, plus de studios de yoga, plus rien !!

Mais par contre, une obligation de rester chez soi, de ne pas sortir et d’observer la plus grande prudence en allant faire ses courses.

Cette coupure nette et abrupte tout le monde l’a ressentie au fond de soi et dans son quotidien comme un grand traumatisme, comme une vague d’anxiété et de grande angoisse qu’il allait falloir gérer pour pouvoir passer au travers de cette épisode.

Jamais la notion de lâcher prise n’a autant pris tout son sens que pendant ces instants vécus ensemble tout autour de la planète. Pour nous les yogis, cet arrêt brutal a été une opportunité de mettre à profit tous les résidus de nos heures d’apprentissage, nos heures de pratique et nos heures d’enseignement afin de pouvoir traverser cette épreuve dans le calme et la tranquillité.

Mais tout d’abord que se passe-t-il quand le monde s’arrête de tourner comme c’est le cas aujourd’hui ?

Image 108.3 Marie Francoise

photo Hridaya School of Yoga Online Learning


De toute évidence chacun est forcé de ralentir son rythme, l’espace de notre quotidien rétréci et les écrans s’abaissent. Tout devient plus clair et plus limpide, on arrête d’être dans Maya. L’illusion de la consommation à outrance, l’illusion de la communication à outrance, l’illusion des activités à outrance, comme si nous avions un besoin maladif de remplir nos emplois du temps et ceux de nos enfants aussi d’ailleurs de millions d’activités tous les jours, une soif de rencontrer du monde et de ne jamais s’arrêter, lorsqu’on tire les rideaux de l’illusion et que le spectacle s’arrête, on se retrouve d’abord face à soi-même, un peu perdu, un peu hagard, sans trop vraiment savoir où aller, et par où commencer. En résumé, nous avons tous été forcés de nous éloigner de nos attachements, de nos désirs, de revenir vers notre centre et de ce fait, de nous retrouver face à nous même, face à notre vraie nature dans cette situation que nous n’avions pas désirée et qui s’est imposée à nous. Nous nous demandons même si la Terre n’a pas choisi de prendre les choses en main comme pour remettre sur pied tout ce qui était en train de s’effondrer et de nous emporter dans un tourbillon de superficialité.

Le moment n’a jamais été aussi opportun pour pratiquer le retrait des sens et le retour vers soi ainsi que l’introspection.

Judith Hanson Lasater l’a très bien décrit dans un de ses séminaires virtuels, elle dit « que lorsque nous sommes submergés, nous sommes déconnectés du Divin, de cette force divine qui est en nous, le meilleur moyen de retrouver notre connexion c’est de plonger dans le relâchement et le silence »

Alors que nous avons tous eu tendance au début du confinement à nous lancer dans des activités intenses de nettoyage, de rangement, de course à pied, de gymnastique et pour les yogis de Vinyasa flow enflammés, nous n’avons réussi qu’à irriter encore plus notre esprit sans lui apprendre au contraire à maîtriser le silence et le rythme ralenti, comme si nous voulions échapper à tout prix au silence, comme si c’était notre stratégie d’évitement par peur de se retrouver face à soi-même.

De mon côté, j’ai également presque dès le départ proposé des cours de Vinyasa sur Zoom pour ma communauté de yogis autour de moi, mais très vite je me suis rendue compte que bien sûr le Vinyasa les emmenait ailleurs et leur permettait de continuer à bouger et à respirer au rythme des postures de yoga, et de façon très efficace. Mais, en fait ce dont ils avaient le plus besoin c’était d’apprendre à maîtriser le silence, le ralenti du quotidien et l’inconnu, trois facteurs qui génèrent l’angoisse et le stress.

Pour moi, la pratique du Pranayama est tout aussi essentielle que le reste en temps normal mais en ce moment elle prend tout son sens dans la maîtrise du silence et le ressourcement du corps et de l’esprit lorsque tout se calme autour de nous. Apprendre à maîtriser son souffle, à l’amplifier, le réduire, le rendre même minimaliste nous enseigne la patience, et renforce et redistribue notre énergie vitale pour rééquilibrer notre organisme complexe et merveilleux en même temps.

Il est tout aussi évident également que donner des classes de Yin yoga, de restaurateur et de méditation représentent de magnifiques outils pour dompter le silence et l’immobilité.

Comme nos maîtres nous l’ont enseigné, pour avancer dans sa pratique il faut aller vers ce qui nous effraie le plus parce que c’est ce qui a besoin d’être modifié, travaillé, remodelé.

Tout le monde sait comment bouger, parler, communiquer, voyager, travailler, se pousser et même aller au-delà de ses limites mais qui sait comment rester silencieux, comment rester immobile, comment rester calme, comment faire marche arrière même parfois et surtout comment trouver la tranquillité dans ses moments d’incertitude extrême.

Pour résumer, les outils du yoga sont d’une extrême importance en ce moment, apprendre à savourer l’immobilité et le silence, à écouter d’abord notre corps, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, quels sont ses besoins, jusqu’où il peut aller mais aussi pour apprendre à écouter et regarder notre monde extérieur, savoir mieux l’apprécier. Apprendre à prendre le temps de savourer notre nourriture, de regarder le changement des saisons, d’écouter le silence et de le laisser entrer à l’intérieur de soi-même sans crainte mais au contraire avec une joie immense.

Et c’est aussi apprendre à écouter et regarder notre monde extérieur, savoir mieux l’apprécier. Cette crise nous a montré que nous avons besoin des autres pour fonctionner, c’est la raison pour laquelle les classes de yoga en live prennent tout leur sens par rapport aux vidéos. Même si ce n’est que du virtuel, mon premier Webinar au début du confinement je l’ai d’autant plus apprécié que j’avais enfin retrouvé ma communauté, mon groupe et à partir de là le besoin de connexion avec les autres devient une évidence.

Nous avons besoin de Yang mais aussi de Yin, de rencontrer du monde et de se retrouver seuls, de voyager et de rester chez soi, de trouver un équilibre qui est propre à notre constitution d’être humain.

Prendre le temps et la conscience du geste, c’est très certainement ce qui restera dans nos mémoires et peut-être que cette graine plantée au plus profond de notre inconscient donnera naissance à de magnifiques changements dans nos esprits, une prise de conscience commune pour un mode de vie meilleur et un monde plus attentionné.

La terre nous remercie aujourd’hui, on y voit clair à New Delhi, on respire mieux dans les villes, le brouillard a laissé place à la clarté, j’ose espérer que nous continuerons ensemble sur ce même chemin.

Marie Françoise Mariette

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